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Les mots arabes dans la langue française

Saviez-vous qu’il y a cinq à huit fois plus de mots arabes que de mots gaulois dans la langue française ? La langue arabe est en effet la troisième langue d’emprunt après l’anglais et l’italien. Chwaya, le nom de notre site, est le terme arabe maghrébin qui a donné le mot "chouïa" en français, pour désigner une petite quantité. Alors, êtes vous prêts à en apprendre un petit chwaya de plus ?

Selon les sources, entre 450 et 600 mots français proviennent directement ou indirectement de l’arabe, sans compter le vocabulaire scientifique spécialisé de l’astronomie, la médecine, la chimie, la faune et la flore qui en comptent un très grand nombre. Par exemple, plus de 500 noms d'étoiles sont issus de la langue arabe (Archid, Aldébaran, Bételgeuse…).


Al-Jazari, invention d'une machine à eau hydroélectrique, 13e siècle - Baha' al-din al-'Amili, ouvrage d'astronomie, 16e siècle - Avicenne, canon de médecine, 14e siècle.

Des termes provenant directement ou indirectement de l’arabe

Certains termes proviennent directement de la langue arabe. En voici quelques exemples :

  • Alcool : الكحول, al-kuḥūl
  • Cafard : كافر, kafir (infidèle)
  • Chiffre: صِفْر, sifr (le même terme a également donné le mot "zéro" par l'intermédiaire de l'italien "zefiro")
  • Douane : ديوان, dīwān (bureau, administration)
  • Girafe : زرافة, zarāfa
  • Jaquette :  جكٌ, jakk (cotte de mailles)
  • Mesquin : مسكين, miskīn (pauvre)
  • Quintal : قنطار, qinṭār (100 kg)
  • Raquette : راحة, rāḥa (paume de la main)
  • Tarif : تعريفة, taʿrīfa

D’autres nous ont été transmis par l’arabe et sont eux-mêmes empruntés à d’autres langues. Quelques exemples :

  • Persan : échec et mat vient de l’arabe الشاه مات, aš-šāh māta (le roi est mort) qui vient lui-même du persan شاه مات, šâh mât (le shah / roi est étonné, surpris).
  • Sanskrit : le mot nénuphar, نينفر nainūfar vient lui-même du sanskrit nīlōtpala qui signifie lotus bleu.
  • Grec ancien : le mot guitare nous a été transmis par l’espagnol guitara qui vient de l’arabe قتارة, qithara, pris au grec ancien kithára (cithare).
  • Chinois : le satin, زيتون zaytūn, est une transcription arabe du nom de la ville chinoise Citong ou Tsia-toung, actuel Quanzhou où était produit le satin.

La plupart des mots français d’origine arabe ont été introduits au Moyen-Age


Représentations de Maisons de la sagesse (bayt al-ḥikma), institutions apparues au début du 9e siècle dans le monde arabe et destinées à la recherche pluridisciplinaire. A droite, illustration de Yahya al-Wasiti, 1237.

Les langues empruntent à celles dont la culture et l’économie rayonnent et qui jouissent d’un certain prestige. Ce fut le cas de l’arabe au Moyen-Age, puis de l’italien à la Renaissance, du français au XVIIIe siècle et de l’anglais au XIXe siècle. C'est pourquoi la langue française a le plus emprunté à l'anglais, l'italien et l'arabe.

Au Moyen-Age, et plus particulièrement aux XIIe et XIIIe siècle, la civilisation arabe rayonnait sur le monde et comptait les plus grands noms de la littérature, de la philosophie et des sciences. La langue arabe était donc une langue savante codifiée avec une civilisation nettement en avance sur la civilisation occidentale. Les Arabes ont ainsi apporté nombre de mots auxquels se sont ajoutés des mots issus des langues des Anciens grâce aux traductions arabes de milliers d’ouvrages grecs, chinois, indiens et autres.

C’est donc à cette époque que sont arrivés la plupart des mots arabes dans la langue française, d’abord principalement par Al Andalus, l’Espagne musulmane qui a été un véritable pont entre les cultures. C’est le cas, par exemple, de l’arrobase utilisée aujourd'hui dans nos emails et qui était alors une unité de mesure. C'est également le cas de l’abricot, la coupe, l’orange, l’alcôve et bien d’autres termes. De nombreux mots ont également été directement intégrés au latin des clercs et se sont diffusés dans les langues européennes. Enfin, d’autres sont entrés dans la langue française par l’intermédiaire de l’italien (jupe, matelas), du portugais (mousson), du turc (café), du sicilien, du provençal, et surtout de l’espagnol.


L'Alhambra à Grenade, Andalousie - Grande mosquée de Cordoue, Andalousie.

Certains mots arabes sont également entrés dans la langue française par la voie orale, notamment lors des Croisades, puis de la Renaissance et des Grandes Découvertes, lorsque de nombreux marchands, navigateurs, diplomates et aventuriers ont parcouru les empires ottoman, persan et moghol.

De la colonisation à l’immigration nord-africaine : une nouvelle vague de mots

Plus tard, la colonisation puis la décolonisation ont apporté une nouvelle vague de mots arabes à la langue française, principalement dans le registre populaire et familier. C’est le cas de chouïa (chwaya), comme nous l'avons vu plus haut, mais aussi de kif-kif, fissa, toubib, clebs et bien d’autres.

Certains, comme zouave, nous ont été amené par l’administration ; d’autres comme bled, barda ou brêle étaient utilisés par les troupes coloniales qui avaient pour habitude d’employer des mots arabes pour « faire bien » de retour en France. Avec le rapatriement des colons d’Algérie en 1962, des termes du registre culinaire tels que merguez et méchoui sont entrés dans le langage courant.


Pieds-noirs arrivant à Toulon suite à l'indépendance algérienne, AFP - Immigrés algériens du bidonville de Nanterre le jour de l'indépendance © Monique Hervo, Bibliothèque de documentation internationale contemporaine.

Enfin, l’immigration maghrébine en France a apporté certains mots comme maboul ou meskine et continue de nous en apporter, notamment dans la « langue des jeunes » : kif / kiffer, seum, beur…

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